Mur Porteur est une entreprise spécialisée dans la maçonnerie du bâti ancien. En activité depuis presque 9 ans, elle utilise des matériaux de construction biosourcés et géosourcés, écologiques, reconnus pour leurs propriétés sanitaires et environnementales.

Elle emploie actuellement des maçons et maçonnes qualifié-es et spécialisée-s en maçonnerie de terre et/ou de pierre mais également un charpentier et un tailleur de pierre.

Son activité, en lien avec l’économie circulaire,  permet d’optimiser les ressources par le réemploi d’éléments (pierres, bois, briques…), d’allonger la durée d’usage du bâtiment en utilisant des matériaux durables à très long terme et en réduisant les déchets ultimes puisque les matériaux biosourcés comme le chanvre, le lin, la terre crue, les peintures végétales en fin de vie peuvent facilement regagner la nature en impactant un minimum l’environnement.

Leur démarche de réemploi et d’utilisation de produits biosourcés dans la construction a de nombreux atouts. Cela permet d’éviter de puiser des ressources limitées, de réduire l’emprunte carbone de leur transport, de réduire les émissions eqCO2 liées au traitement des déchets et de dynamiser des filières d’emploi locales.

 

1. Vos projets intègrent-ils la dimension carbone ?

 

Julien : « Pour moi cette question a 10 ans de retard, comment penser autrement ? Nous n’avons plus le droit, pour nos enfants et pour la planète, de concevoir nos métiers sans cette dimension environnementale. Je ne me sens pas  »écolo » dans le sens de l’étiquette mais plutôt un être humain qui travaille avec la conscience du monde qui l’entoure. Dans le bâti ancien, on utilise depuis toujours des matériaux locaux à faible impact environnemental et c’est ce qu’on fait chez Mur Porteur, une économie de matériaux qui vient du bon sens. »

 

Charline : « Avant l’industrialisation, on a toujours construit l’habitat traditionnel avec les matériaux de proximité directement issus du sol, ce qu’on avait sous la main finalement. L’utilisation de la chaux, des peintures naturelles, des menuiseries bois on ne l’a pas inventé avec la notion d’écoconstruction, nous reprenons les techniques et les savoir-faire des anciens en les adaptant parfois avec des techniques plus modernes (on ne projetait pas du chanvre à la machine au XIX e siècle bien sûr ! – rire). Mais attention, il ne s’agit pas d’un retour en arrière, c’est aussi une question de bon sens, on utilise des matériaux compatibles avec les techniques de constructions traditionnelles. Et on retrouve des performances équivalentes aux produits synthétiques modernes. »

 

2. Quels matériaux biosourcés utilisez vous ?  

 

Charline : « On utilise des matériaux naturels comme la chaux, le sable, la terre, la pierre, le lin et le chanvre. Tous nos enduits et mortiers sont préparés directement sur les chantiers avec une terre extraite localement dans un rayon de 30 à 50 kms autour de Goven et parfois issue directement du terrassement du chantier. On réalise des enduits correcteurs thermiques en terre/chanvre, des enduits de finition en terre/et fibre végétale (par exemple le lin), ou à la chaux. On propose également de poser des doublages isolant (par exemple : une ossature bois + isolant biosourcé + parement). Récemment nous nous sommes formés, avec l’association Tiez Breiz – Maisons et Paysages de Bretagne*, à la fabrication et l’application de peintures naturelles à base d’huile de lin et de pigment mais aussi la peinture à la colle de farine et à l’huile chaulée, il s’agit de « recettes de cuisine ancestrale » très agréable à fabriquer et à manipuler et le résultat est épatant ! »

* association pour la connaissance, la sauvegarde, la mise en valeur de l’architecture et des sites ruraux en Bretagne.

 

3. Quels sont les avantages des matériaux biosourcés ?

 

Charline : « Ils sont compatibles avec le bâti ancien, ils laissent le bâtiment respirer et évitent ainsi les phénomènes de condensation et d’humidité qui favorisent l’apparition de salpêtre, de champignons). En termes de qualité de l’air intérieur (QAI), les matériaux biosourcés contribuent à préserver un air plus sain. Ils émettent très peu de COV (composés organiques volatils) et offrent des propriétés dépolluantes pour certains. S’ils sont correctement employés, ils permettent aussi de conserver le caractère patrimonial du bâti traditionnel, qui participe à l’identité architectural de la région. La tendance actuelle est à la standardisation de l’architecture contemporaine, on perd tout cachet, c’est dommage. ».

 

Julien : « Leurs performances sont équivalentes aux produits industriels. Ils offrent une ambiance et un confort de vie dans une maison aux complexes ouverts, qui respirent, et non pas une boite fermée complétement étanche. L’humidité étant nettement inférieure, en hivers vous avez moins la sensation de froid et vous faites des économies de chauffage alors que le ciment a tendance à emprisonner l’humidité. ».

 

 4. Comment vos clients perçoivent le réemploi et les matériaux naturels ?

 

Julien « Il faut déconstruire toute une éducation liée à l’industrialisation. Aujourd’hui la plupart des particuliers ne se posent pas de question. Par exemple, ils n’envisagent pas les alternatives au placoplâtre alors que des solutions existent (ex : des panneaux de fibres-gypse, des enduits correcteurs thermiques à base de terre ou de chaux, des blocs de béton de chanvre, etc.). Notre travail c’est aussi de casser les idées préconçues. Proposer au client de garder au maximum tout ce qu’on peut réutiliser, de s’appuyer sur l’existent. Un enduit à la chaux ou un carrelage de sol bien posé peuvent durer plus de 200 ans. On propose donc des solutions économiques et écologiques ».

Charline « On construit en terre crue (selon la technique de la bauge) en Ille-et-Vilaine à partir du 16e siècle et surtout au XIXe s. des manoirs, des fermes, pour la plupart encore debout aujourd’hui, c’est donc un matériau tout à fait solide et durable ! »

 

5. D’après vous, le réemploi est-il une solution face à la pénurie de matières ?

Julien « Conserver l’existant et faire du réemploi est bien sûr une des solutions ! La question du réemploi se pose d’abord au niveau du bâti, des murs, de ce qui compose le bâtiment. C’est finalement le fil conducteur de notre travail. Ensuite, pour que la maison soit durable, il faut lui retirer tous les matériaux inadaptés au bâti ancien et qui provoquent des pathologies humides et parfois structurelles. Le 1er poste réalisé sur le chantier est bien souvent la dépose de l’enduit ciment empêchant les murs de respirer. Ces déchets sont ensuite triés et revalorisés via les filières. »

 

6. De quoi auriez-vous besoin pour faire plus de biosourcés/écosourcé/réemploi ? (Une Matériauthèque, ressourcerie, plateforme en ligne, filières structurées locales, mains d’œuvre qualifiée, clients subventionnés ?)

Julien : « Une  »vraie » politique nationale incitant l’emploi des matériaux biosourcés pour aider les foyers à financer le surcoût de ces matériaux ! Pour illustrer, Aujourd’hui, les éco-primes favorisent l’emploi d’isolant thermique en polystyrène industrialisés. Il faudrait plutôt flécher les subventions sur le biosourcé car à ce train, dans 20 ans tous les matériaux industriels, bas de gamme, posés aujourd’hui seront à démolir, ce qui n’a pas de sens. Il manque également des labels fiables, un équivalent au RGE Qualibat mais pour des matériaux naturels et durables. »

 

Photo de l’équipe Mur Porteur : en haut Charlie Gressien, Renaud Chopin, David Mogis, Louise Midy, Camille Montoir, Vassilis Billiris, Charline Rochais

en bas : Florian Guais, Romane Moussaoui, Julien Savaton.

 

contact : contact@murporteur.bzh

site internet : www.murporteur.bzh

 

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